Porte d’immeuble et joggeuse sympathique

Porte d'immeuble et joggeuse sympathique

Je m’évertue, en vain, à presser le bouton de ma télécommande. Rien ne se passe, la porte du parking souterrain de mon immeuble reste close. Je vais être en retard au boulot. J’habite dans un bâtiment d’un standing correct, proche du centre-ville de Caen. Je bénéficie d’une vue sud vers le canal, sympa de voir passer des bateaux de temps en temps. Pas de bol ce matin, j’ai connu meilleur comme excuse pour arriver en retard au travail ! Pourtant, le témoin rouge m’indique que la pile fonctionne toujours. Le problème se situe ailleurs. Hier déjà, j’avais remarqué que la réponse du mécanisme tardait, mais, dès que la porte se mit à bouger, je n’y avais plus prêté attention. Mais là, je suis coincé.

Nous sommes plusieurs piégés

Ma première action, est de prévenir mon employeur, heureusement qu’aujourd’hui je n’interviens pas sur un chantier au loin. Je suis électricien, spécialiste des installations industrielles. Je pratique mon art surtout dans des chaufferies. Dommage, je n’y connais rien en porte de garage d’immeuble. J’appelle ensuite le syndic de la copropriété, c’est leur boulot de résoudre ce genre de soucis. Ils me promettent une action plus rapide que ne met un policier contractuel, pour mettre un PV à la suite d’un dépassement d’horaire de stationnement. Je raccroche à peine, qu’un autre véhicule se présente devant la sortie. La porte ne bouge toujours pas, je me dirige vers l’auto pour expliquer à ce voisin d’immeuble, ce qui se passe et mes démarches entreprises. Je me penche vers sa vitre, elle se baisse… Quand je me retrouve nez à nez avec son propriétaire.

Nouvelle connaissance

En fait, sa propriétaire, une charmante jeune femme, souriante qui me laisse quelques instants sans voix. Je me rends compte qu’elle attend que je dise quelque chose. Donc, je tente de m’exprimer afin de lui expliquer la situation et les démarches effectuées. Mais, pour la première fois de ma vie, je me mets à bégayer. Elle me sourit encore plus, elle doit me prendre pour l’idiot du village ou du moins de l’immeuble. Je me ressaisis et arrive enfin à sortir des phrases complètes. Que m’arrive-t-il ? J’ai l’impression que la température vient de monter d’au moins quinze degrés d’un coup. Cependant, elle ne semble pas s’en apercevoir et me remercie pour les informations que je lui transmets. Un technicien doit intervenir dans le quart d’heure qui suit.

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Le ciel est bleu, les oiseaux chantent

Une journée curieuse suit cet évènement, non seulement je ne suis pas énervé par ce contre-temps matinal, mais, au contraire, malgré les nuages menaçants, je la trouve formidable. Je ne sais vraiment pas pourquoi ! Le samedi suivant, je sors de l’immeuble au volant de mon auto et je m’arrête à la sortie de la résidence. Là, qui passe juste devant le capot ? Cette belle inconnue en tenue de jogging près du corps. Elle tourne la tête vers moi et m’adresse un joli sourire accompagné d’un signe de la main. Je la regarde s’éloigner et s’engager sur le sentier qui longe le canal. Cela fait bien 2 minutes qu’elle a disparu de ma vue, quand un coup de klaxon bref, me rappelle à l’ordre. Je ne me souviens même plus où je dois me rendre !

Un plaisir hebdomadaire

Les semaines suivantes, je tente de localiser cette charmante voisine, sans succès. Je suis d’un naturel assez timide et aborder quelqu’un de surcroit une jeune femme, ce n’est vraiment pas ma spécialité. Le temps passe et les préoccupations journalières reprennent le dessus. Ce samedi soir, nous avons prévu, avec quelques amis, de passer une soirée confinée de gamers. Chacun chez soi, avec un casque sur les oreilles, nous nous retrouvons pour jouer en ligne. Les parties sont acharnées et m’emmènent jusqu’à 2 heures du matin. C’est un peu tôt pour se coucher, je sais, mais la semaine fut rude et la fatigue accumulée a raison de moi. Je file donc sous les draps. Je pense m’endormir comme une poule que l’on berce la tête sous l’aile.

Des voisins bruyants

Quel est ce bruit infernal ? une fenêtre de l’immeuble est ouverte et on entend une musique assourdissante. Le casque sur les oreilles, je ne subissais pas cette incivilité, mais maintenant, je ne comprends pas pourquoi personne n’est intervenu. J’essaie d’ignorer le ramdam, impossible. Il n’est pas question de rester toute la nuit avec mes auriculaires plantés dans mes oreilles. Je navigue dans les couloirs à la recherche de la source de ces empêcheurs de dormir tranquille. Ce n’est pas très compliqué de localiser l’appartement. Je dois tambouriner à la porte pendant longtemps avant qu’elle ne s’ouvre sur plusieurs gus. Certains sont étrangers à l’immeuble et complètements défoncés. Ils m’envoient paître sans ménagement. La violence ne résout rien, surtout en infériorité numérique. Une autre tactique s’impose, l’appel à un ami.

Hommes en bleu à la porte de l’immeuble

En fait, j’appelle la police pour leur signaler ce tintamarre. Ils me promettent leur arrivée rapide pour y mettre fin. Au bout d’une heure, toujours pas de gyrophare bleu en vue, je m’impatiente. On arrive sur quatre heures du matin et le bruit ne faibli toujours pas. Je réitère mon appel avec des termes beaucoup plus insistants auprès des forces de l’ordre. Je leur dis qu’un drame se prépare s’ils n’interviennent pas immédiatement. Oh miracle ! moins d’un quart d’heure plus tard les fameuses lumières bleues arrivent dans la cour. Et, le plus drôle, une deuxième patrouille, sans doute celle appelée en premier, arrive dans la foulée. Le son baisse avant même que les hommes en uniforme ne pénètrent dans le hall. L’issue de notre calvaire approche.

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Le syndic doit agir

Dès le lundi matin suivant, je prends la direction du syndic de la copropriété. Il va falloir qu’ils agissent rapidement, cette situation ne peut plus continuer. Ils comprennent le souci mais, malheureusement, ils ne peuvent pas faire grand-chose ! On voit qu’ils n’ont pas subi des décibels toute une nuit. Je parlemente un moment quand une solution apparaît. Si j’arrive à réunir assez de témoignages concordants pour prouver ce désordre, ils pourront engager des poursuites. J’ai compris, il faut tout faire soi-même si on veut être sûr d’arriver au résultat. Je prends donc mon bâton de pèlerin pour prêcher la bonne parole.

Porte à porte dans l’immeuble

En clair, je vais me taper tous les appartements pour recueillir des attestations. Je commence par mon étage. Je toque sur les 8 portes et seulement une seule personne m’ouvre. Pas terrible comme ratio ! J’explique, à l’occupant des lieux, la raison de ma venue. Comme par hasard, il n’était pas là et donc il n’a rien vu, rien entendu. Je pensais, benoitement, que nous nous serions tous ligués, comme un seul homme, contre les braillards tapageurs. Mon sacerdoce risque de durer. L’étage en-dessous, celui des infâmes, donne de meilleurs résultats, 3 ouvertures de portes dont une première signature d’un habitant de l’immeuble. Cela m’encourage à continuer. J’arrive donc au rez-de-chaussée. Je frappe à la porte à gauche de l’ascenseur. Et là, le monde change de couleur.

Belle rencontre

Ma joggeuse favorite se tient juste devant moi. Malgré mon discours bien rodé, je perds, à nouveau, tous mes moyens. Elle sourit devant mon embarras. Je parviens, après quelques tentatives, à remettre de l’ordre dans mes pensées pour lui expliquer ce que j’attends d’elle. Pour mieux comprendre mes explications, elle me prie d’entrer dans son appartement, et me propose de discuter de tout ça devant une orangeade. Nous nous installons dans son canapé. Au bout de deux heures de discussions, il faut bien approfondir le sujet, je me mets, intérieurement, à bénir les affreux qui m’ont obligé à mener cette enquête.

Ami lecteur, toi aussi tu as déjà vécu un calvaire qui se fini bien. Une surprise se présente derrière une porte de ton immeuble et la vie devient belle. Je t’encourage à partager une de tes expériences dans les commentaires.

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