Chaque année, tout recommence. Je vais encore me retrouver en queue de peloton, je ne le supporte plus. Pourtant, en ce mois de décembre, je dispose d’une stratégie qui va changer la donne. Mon nom est Fringant, un des neuf rennes de l’attelage du Père Noël, ce bonhomme obèse à la barbe blanche vêtu de rouge pour faire de la pub à Coca-cola. Il nous oblige, une fois par an, à braver les lois de la physique. Si on réfléchit un peu, on se rend rapidement compte que la mission confiée n’est pas réalisable. Le cahier des charges est imposant : distribuer un cadeau à environ 350 millions d’enfants sages, si on ne compte que les chrétiens, et tout ça en une seule nuit !
Comment opère la magie de Noël ?
Heureusement, il existe la magie de noël qui permet de faire quasiment des miracles, du moins en apparence. Dans la réalité, ce sont les Nisses, des lutins extra-terrestres, qui permettent cet exploit. Le père Noël l’a bien compris quand il a vu ces habitants d’un autre monde débarquer. Ils possèdent un pouvoir particulier. Ils détournent les ondes gravitationnelles qui nous entourent pour courber l’espace-temps en leur faveur. Ceci leur permet de ralentir leur temps apparent. Il y a toujours un couple de lutins qui accompagne ce roi du marketing dans sa tournée. Si bien que pour nous, la distribution dure presque un an.
L’attelage du père Noël
Il va être furieux que je dévoile son secret, mais tant pis pour lui. Il fait toujours exprès de me reléguer en queue de l’attelage. Résultat des courses, dès qu’un de mes collègues pète, je suis aux premières loges et je manque de m’asphyxier. Sans compter l’impact sur le réchauffement climatique avec toutes ces émissions de gaz à effet de serre ! Voici comment se compose l’attelage du père Noël :
Rudolph au nez rouge
Vous le remarquez immédiatement, Rudolph, le dernier arrivé, se retrouve toujours en tête au prétexte que son nez rouge agit comme un phare qui guide le vieux débris. Je vais encore devoir casser un mythe, Rudolph boit comme un trou et son pif en témoigne. Effectivement cela génère une certaine lumière sur l’avant de l’attelage, mais là encore, l’influence des lutins se fait sentir. Quand ils se trouvent auprès d’alcool, une réaction de bioluminescence arrive et le poivrot en profite pour se faire mousser, il devient le guide dans la nuit. Heureusement pour lui que notre vitesse de déplacement nous rend indétectable, sinon, un contrôle de gendarmerie et hop, on se retrouve tous au gnouf et Tintin pour les cadeaux.
Le complot
Je réussi à convaincre un Nisse et le convertis à ma cause. Cette année, c’est moi qui galoperai en tête. Le plan est simple et en deux temps : Premièrement, je dois décrédibiliser Rudolph et diminuer les effets de cette bioluminescence. Pour cela, je remplace les bouteilles de champagne, qu’il a l’habitude de s’enfiler en douce, par du Champomy. Il n’est pas un grand connaisseur, je suis sûr qu’il ne fera aucune différence. Deuxièmement, je dois fournir l’éclairage suffisant pour nous guider durant cette nuit. Rien de plus facile, je commande sur Amazon une lampe frontale. Deux jours plus tard elle arrive dans la boîte aux lettres de mon complice le lutin et je deviens encore plus lumineux, grâce à la technologie LED, que mon compagnon.
Une lumière dans la nuit
Au moment du top départ, nous sommes attelés comme à l’accoutumée, Rudolph, qui contient encore des vapeurs de l’avant-veille, donne le change. Mais, rapidement, c’est le noir complet. Heureusement, un réflexe salvateur de Tonnerre, nous détourne au dernier moment de la tour Eiffel. Nous avons failli la prendre en pleine face. C’en est trop pour le joufflu au bonnet rouge qui perd d’un coup sa bonhomie habituelle. Je profite de la situation pour lui montrer ma nouvelle lampe. L’idée lui plaît et aussitôt il échange nos places. Mon but est atteint ! Je suis en tête de l’attelage du père Noël ! Je prends mon nouveau rôle très au sérieux et je savoure enfin l’air frais de la première place.
Boire ou conduire
Malheureusement, les meilleures choses ont une fin. Bien que la consommation énergétique de ma frontale soit minime, elle ne peut pas tenir toute une année, comme je vous l’ai expliqué plus tôt. Sans prévenir, elle s’éteint d’un seul coup. J’actionne l’interrupteur et la lumière revient mais pour quelques instant seulement. Nous retombons dans le noir complet. Notre chauffeur ne s’en aperçoit pas immédiatement. Pendant sa tournée, il ne manque jamais de se siffler quelques verres de whisky qu’il chipe dans le bar des parents des enfants sages. Pour l’anecdote, il est intolérant au lactose, pas question pour lui de boire le verre de lait laissé à son intention par ces chers bambins. La plupart du temps, l’évier accueille le liquide blanc.
Mission accomplie
Pour fayoter et retrouver un peu de son prestige, de temps en temps Rudolph aide le gros bonhomme à capuche, à porter les paquets au pied du sapin. Il l’accompagne jusqu’au bout, en s’enfilant autant de whisky que lui. Sa bioluminescence revient. Au départ peu visible, tellement mes LED crachent, mais quand elles rendent l’âme, Rudolph brille à nouveau, si bien que nous inversons les rôles et je me retrouve, comme au départ, en dernière ligne. Ce n’est pas très grave, j’ai accompli mon rêve. J’aurai enfin pu, cette année, participer encore plus activement à la distribution en ouvrant la route à l’attelage du père Noël. D’habitude nous avons un taux d’erreur de livraison de 1,2%, ce qui n’arrange souvent pas les parents. Cette année, grâce à mon action, nous sommes tombés à 0,7%. L’alcool et les livraisons ne sont vraiment pas compatibles !
Ce n’est pas très gentil de casser le mythe du père Noël et d’en faire un alcoolique ! Cette histoire m’a amusée et me donne l’envie d’ne lire d’autres.
Merci Brigitte pour ce commentaire. Comme le veut la tradition, qui aime bien châtie bien. Je suis toujours très sage et le père Noël pense bien à moi et je le remercie