Pirouette Cacahuète

Illustration de la chanson pirouette cacahuète
Pirouette cacahuète

Bien que ce soit un véhicule formidable, adopté même par un gang, le Scénic doit passer de temps en temps à le révision. Pour connaître l’intervalle, rien de plus simple, il indique lui-même le bon moment pour se rendre au garage. Ce matin, je le dépose donc chez mon garagiste de Coutances pour qu’il en prenne soin et me le rende au top de sa forme, prêt à affronter 30000 kilomètres de plus. Cependant, pour mon métier, je dois me déplacer et une matinée complète sans moyen de transport : inimaginable. C’est donc au volant d’une Twingo d’occasion de « courtoisie », que je m’élance vers mon prochain rendez-vous à trente kilomètres de là.

La galère

Le client rencontré me fait bonne impression, l’affaire va sans doute se conclure. Je reprends la route pour rentrer vers mon port d’attache. J’ai à peine le temps de me réjouir de cette situation, qu’un bruit violent vient perturber ma sérénité. Aussitôt plusieurs voyants du tableau de bord s’allument et l’auto cale. Je peux tout juste me garer sur le bas-côté où, par miracle, une aire de stationnement m’accueille et me permet de me dégager de la voie qui circule beaucoup. Que se passe-t-il ? Quelle est cette galère ? Je cherche mon téléphone pour appeler le garage qui m’a fourni cette casserole sur roue, introuvable !

Vive la Belgique

Il est resté dans mon fidèle Scénic ! Evidemment, je ne me suis rendu compte de rien parce qu’il n’y a pas le Bluetooth dans ce pot de yaourt mobile ! Que vais-je devenir ? J’exagère un peu le côté dramatique, mais on se sent tout nu sans son multifonction de poche. La circulation est importante sur cette route, ce serai le diable si ne tombe pas sur une âme charitable pour me ramener. Je sors du clapier à roulettes et, avant d’entreprendre la moindre action, une voiture rouge immatriculée en Belgique stoppe près de moi. La vitre se baisse. « Bonjour Monsieur ! pourriez-vous me renseigner s’il vous plait ? Nous devons nous rendre à Coutances et nous sommes juste en carburant. Y’a t-il une station service avant d’y arriver ? »

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De bonne compagnie

Deux femmes sont à l’intérieur, manifestement la grand-mère et sa fille. Elles tombent à point nommé et je me fais une joie de les renseigner, surtout qu’elles se rendent vers ma destination. « Mais oui, à mi-route vous avez un supermarché qui possède une station où vous pourrez vous ravitailler. Justement, j’ai un ennui mécanique, si vous pouviez me déposer sur Coutances, cela me rendrait grand service ! » Elles acceptent de bon cœur et me font monter à l’arrière, je dois avoir une bonne tête. Sur la banquette, à côté de moi, je découvre un siège auto pour bébé dos à la route. A l’intérieur un nourrisson babille joyeusement. « Ma petite fille va vous tenir compagnie. »

Alice

Je me penche vers le bambin, elle a tout juste 3 mois et se prénomme Alice. Mon charme opère immédiatement car un magnifique sourire orne son visage. J’en rajoute avec quelques areu areu qui renforcent l’effet obtenu. « Elle est vraiment gracieuse cette petite Alice ». Sa mère, qui conduit, me le confirme volontiers. J’ai affaire à la huitième merveille du monde ! Tout semble formidable, mais je détecte un subtil changement dans le bas du visage d’Alice, une légère crispation. Son sourire n’éclate plus autant et son menton se met franchement à galoper. Je tente quelques areu areu supplémentaires, mais ils restent sans effet. Je me sens démuni, les premiers couinements arrivent.

Pirouette Cacahuète

La maman, toujours à l’affût du bien-être de son enfant, m’informe que la petite est sensible aux chansons. Je propose donc « la bonne du curé » mais j’apprends que ce titre ne fait pas partie de sa playlist préférée. Le top du top en ce moment c’est « Pirouette Cacahuète » ! Je dois faire appel à mes souvenirs, il y a bien longtemps que je ne chante plus « Pirouette Cacahuète ». Mes enfants ont autour du quart de siècle et ils ne sont plus demandeurs de « Pirouette Cacahuète ». Mais les choses répétées, même depuis tout ce temps, restent ancrées et ne demandent qu’à ressortir. J’exécute donc mon meilleur « Pirouette Cacahuète » et oh miracle, Alice se calme dans l’instant. Je pense, grâce mon talent, pouvoir intégrer « The Voice » ou la « Star Academy » rapidement.

Le son monte

Les meilleures choses ont une fin, au bout de 2 « Pirouette Cacahuète » son action sédative diminue comme peau de chagrin et le menton repart de plus belle. Nous passons alors du couinement, puis aux chouinements et enfin carrément aux hurlements de colère. La maman confirme ce dont je me doutais, le bébé faim. Cette fois-ci, je ne peux rien faire, contrairement à elle, qui possède des formes généreuses, la nature ne m’a pas équipé d’un distributeur de lait portable.  « A quelle distance se trouve la station service que vous connaissez ? »  » Environ 5 kilomètres ». »Elle va attendre. » Toute conversation devient impossible.

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Rien ne vaut une tétée

Je me propose de remplir le réservoir d’essence. Pendant ce temps, la maman monte à l’arrière, attrape sa fille et lui présente un téton qu’elle avale goulûment. Le calme revient et c’est un plaisir de contempler l’œuvre de la nature. L’auto est rassasiée plus vite que le bébé. je reste donc dehors à tourner autour dans l’attente du rot libérateur. Chacun reprend ensuite sa place et nous repartons vers notre destination. « Elle ne devrait pas tarder à s’endormir maintenant qu’elle a mangé ». J’espère qu’elle a raison, mais je doute parce qu’Alice émet des grognements de mauvais augure. Je tente un « Pirouette Cacahuète » qui reste sans effet. Vais-je tenir jusqu’à Coutances ?

Chouette

Une petite Chouette agrémentée d’un grelot traîne dans un coin du couffin. Je m’en empare et l’agite frénétiquement devant ses petits yeux. Un phénomène extraordinaire survient : ses grognements sont inversement proportionnels au bruit du grelot. Je tente donc plusieurs expériences. Si je cesse de le remuer, le volume sonore du bébé augmente. Si par contre je le secoue avec force, le calme est presque absolu et je vois même ses yeux qui papillotent. Bien instruit de ce mode d’emploi, je m’applique jusqu’à obtenir l’endormissement : victoire !

Toujours Pirouette Cacahuète

Je ne profite pas longtemps de ce succès, nous arrivons au garage. Elles me déposent et les voilà reparties. Je décris les symptômes de la panne de la Twingo au mécanicien. Tant pis pour la elle, ils iront la chercher sur un plateau. Je peux enfin récupérer mon Scénic et reprendre mon activité. Quand soudain, « Pirouette Cacahuète » fait irruption dans mon cerveau ! j’en ai au moins pour toute la journée. Comme je suis partageur, je raconte l’anecdote à quelques collègues qui eux-mêmes se retrouvent avec un « Pirouette Cacahuète » dans le tête jusqu’à le fin de la journée. Depuis ce jour, j’ai rajouté une nouvelle compétences sur mes cartes de visite : « Sait endormir les enfants ! »

J’espère que cette histoire, vraie à 95%, t’a intéressé. Si tu connais Pirouette Cacahuète, j’aimerai que tu me le signales dans les commentaires, simplement pour savoir si cette comptine est connue parmi mes lectrices et mes lecteurs.

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2 Commentaires on "Pirouette Cacahuète"

  1. Oh mon dieu , rien ne vaut une tétée

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