Un phénomène curieux arrive de temps en temps, le réveil du matin de départ en vacances pèse beaucoup moins que celui où on doit subir une coloscopie. Pourtant, l’environnement de notre chambre, identique, devrait nous rassurer, mais notre cerveau, pourtant à notre service, s’amuse parfois à nous inquiéter. Heureusement, aujourd’hui, nous sommes dans le premier cas. La valise, préparée dès la veille au soir, trône sur la commode. Au bout d’une semaine, la moitié des affaires emportées, reprendra le chemin de la maison sans avoir eu la chance de sortir de son confinement.
C’est quoi les vacances ?
Cette année, nous avons décidé d’une escapade en famille à Majorque. Pour se rendre à l’aéroport, comptons sur trois heures et quart de trajet en auto, alors que le vol, lui, ne durera que deux heures. Pourquoi, me demanderez-vous, choisir un aéroport aussi lointain ? Et allonger ainsi un temps de trajet fatiguant alors que l’objectif des vacances est le repos ? Certains penserons que nous n’avons pas le choix. L’aéroport situé à une demi-heure de la maison ne propose pas de vol avec la destination recherchée. Mais non ! Le temps de déplacement, pour se rendre sur le lieu de villégiature, permet d’augmenter la coupure avec le quotidien. Si vous n’êtes qu’à une demi-heure de chez vous, vous avez l’impression que tout peut se finir aussi vite que ça a commencé. S’il y a six heures, là, la coupure est franche. Ce sont les vacances !
Les vacances en avion à réaction
Nous rejoignons la file d’attente pour enregistrer les bagages. Même si on a vécu ces instants plusieurs fois, une légère anxiété nous envahi en pensant aux instants suivants. Le moment où nous allons pénétrer dans un cylindre métallique, garni de réacteurs avec des tonnes de kérosène embarqués avec nous ! Le pire, à un moment donné, nous abandonnerons le plancher des vaches pour décoller et nous retrouver en l’air.
Un moyen de transport sûr
On a beau savoir que compte tenu du nombre de passagers transportés et du nombre de kilomètres parcourus, l’avion est le moyen de transport le plus sûr. Même avec des statistiques vérifiées, l’angoisse s’insinue toujours un peu. L’ennui, on ne maîtrise rien. Si on avait les commandes, peut-être serions-nous un peu plus rassuré ? Tenir un manche à balai entre ses mains ne doit pas être si compliqué, les cantonniers font ça tous les jours. Non, cette hypothèse ne tient pas la route. Je préfère quand même laisser les commandes à un homme ou une femme dont c’est le métier depuis des années, avec des milliers d’heures de vol, mais quand même !
La bonne place pour suivre le vol
Avec cette compagnie aérienne, vous pouvez choisir pleins d’options différentes ; bagages, droit de passer devant les autres à l’embarquement, nourriture, le choix de votre place à bord si vous voulez vous enregistrer en avance. Par principe j’attends le dernier moment et je fais confiance à la loterie pour me donner une place intéressante dans l’avion. Aujourd’hui, je me retrouve au premier rang, sur le siège du milieu. Un point de vue parfait sur le poste de pilotage. J’aperçois des tonnes de boutons et autres leviers en tout genres. Effectivement, il vaut mieux laisser les spécialistes à la manœuvre.
Un équipage sans parité
Après avoir bien observé les allées et venues des différentes personnes, je constate que l’équipage au complet représente six personnes. Le pilote et le copilote qui sont dans la cabine de pilotage, ils n’ont rien à faire ailleurs ! Trois stewards et une seule hôtesse de l’air, la parité n’est pas respectée une femme pour cinq hommes, pas terrible pour s’envoyer en l’air à une telle altitude. Tous les personnels de la cabine sont très avenant et souriant, mais gare au sac qui ne serait pas bien calé sous le siège ou dans le coffre à bagages, ils ne laissent rien passer.
Du harcèlement sexuel ?
La situation se complique d’un seul coup. Pour que vous puissiez suivre correctement l’action, je vais nommer les personnages. L’hôtesse de l’air sera Carmen, les trois stewards Carlos, Diego et Luis, le pilote Salvatore et le copilote Didier. Je surprends Carlos en train de mettre une main aux fesses de Carmen. Celle-ci se retourne brusquement et le gifle. Diego, qui a tout vu, s’interpose aussitôt et lance une invective à Carlos en espagnol. Je ne les trouve pas très concentrés sur leurs tâches, l’avion va décoller dans moins de deux minutes. Salvatore n’a rien manqué de la scène, il a le nez sur son rétroviseur intérieur, celui qui sert à surveiller la cabine. J’ai même cru qu’il allait se lever. Didier lui pose une main sur l’épaule pour le calmer.
Qui pilote l’appareil ?
La porte du poste de pilotage se ferme. L’avion s’aligne sur la piste et décolle dans la fureur de ses réacteurs. Nous atteignons notre attitude de croisière et le vol se poursuit tranquillement. Alors qu’une torpeur commence à envahir l’ensemble des passagers, la porte du poste le pilotage s’ouvre brusquement. Salvatore surgit et se jette sur Diego. Il lui assène à Direct au menton qui Le met au tapis. Didier se précipite et retient Salvatore qui commence à s’acharner sur le pauvre Diego. Qui pilote l’appareil ? Carmen vient vers l’avant et tente, en vain, d’expliquer à Salvatore que ce n’est pas Diego le fautif. Carlos, pour faire oublier, se précipite au fond de l’appareil. Luis, dont je n’ai pas encore parlé, enlace Salvatore et lui explique que cela ne sert à rien de se mettre dans un état pareil pour une femme.
Une expérience intéressante
De mon côté, je trouve l’occasion inespérée de voir un poste de pilotage en plein vol, je m’avance doucement, mine de rien. Je m’assois à la place du pilote et, la porte du poste se claque ! Je vais être tranquille cinq minutes, le temps de profiter de la situation. La vue extérieure est sympa, mais rien d’exceptionnel. Je me concentre plutôt sur les instruments et autres commandes, il y en a partout. J’appuie sur un bouton, au hasard pour voir à quoi il sert. Aussitôt, le pilote automatique se désengage. Comme je tiens le manche, je tente un virage sur la droite. L’avion réagit parfaitement. Encouragé par ce premier essai, je reproduis mon exploit vers la gauche, en fait piloter un avion comme celui-là ne présente pas de grosse difficulté, mon estime pour ce métier baisse.
Je ne vais pas apprendre l’espagnol
Mes manœuvres ne sont pas passées inaperçues, quelqu’un cogne à la porte et crie quelque chose en espagnol. Manque de pot pour eux, la porte ne se déverrouille que de mon côté. Je ne risque rien. Mais, je me rends compte que je ne sais pas faire atterrir ce genre d’engins. Je décide alors de retourner à ma place et de les laisser terminer le parcours. Je pense qu’il m’insulte, mais comme je ne comprends rien cela n’a pas d’importance. Ils doivent reconnaître que Je leur ai sauvé la mise. Pendant qu’ils se chamaillaient pour leurs histoires intimes, grâce a moi, le vol a pu continuer normalement sans que personne ne s’aperçoive de rien. Je pense même que je mériterai une médaille. Au lieu de me féliciter, pendant le reste du voyage, je n’ai pas pu bouger le petit doigt.
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