Formule all inclusive
Ce matin, petit déjeuner de bonne heure pour mon épouse et moi, nous le terminons dès dix heures ! Vous pensez peut-être que l’exploit n’est pas si grand ? Vous avez raison, mais une semaine de vacances tout inclus en Tunisie, le lever dès l’aube ne représente pas la priorité. L’hôtel produit des prestations de qualité. Notre chambre spacieuse et confortable fait face à l’une des trois piscines. Les buffets, trop généreux, ne nous invitent pas à la modération, et, pour compléter le tableau, le soleil brille même en ce début mai. Bref, les activités culturelles et la découverte du pays, n’occupent pas une grande place dans notre emploi du temps. Il faut que cela change !
Cap sur la découverte
Nous logeons à mi-route entre Sousse et Monastir (je précise ce détail comme une « private joke« . Ceux qui veulent en savoir plus, direction les commentaires). Un essaim de taxis jaunes poireaute devant l’entrée principale. Nous avons l’embarras du choix pour désigner celui qui nous mènera vers Sousse, lieu de notre excursion du jour. Nous marchandons à peine le prix de la course, des compatriotes nous ont aimablement indiqué ce que nous devions obtenir, et, comme par magie, le chauffeur accepte mon offre. Je suis nul pour marchander les prix, cette petite victoire me rassure pour le shopping à venir. Je ne sais pas encore ce qui nous attends !
Une aide inattendue
Le chauffeur de taxi, très affable, nous dépose au cœur de la ville. Je mets notre petits sac-à-dos sur l’épaule et nous démarrons notre découverte. Au bout de dix mètres à peine, un homme très avenant nous interpelle. « Je vous reconnais, vous venez de l’hôtel Novostar Palmyra ! » Bien qu’il ait l’air sympathique, son visage ne nous dit rien du tout. Une certaine confiance s’installe envers cet inconnu qui ne doit pas l’être tant que ça ! Il nous questionne pour connaître nos intentions pour la journée. Quand il apprend que nous voulons faire quelques emplettes, aussitôt, il nous prévient des dangers qui menacent les touristes inexpérimentés ou non avertis.
Le marchand de tapis
Quelle chance nous avons ! Il nous abreuve de bons conseils et pousse même la gentillesse en nous accompagnant chez un marchand de tapis qui pratique la qualité au meilleur prix. Pour tout vous dire, nous n’apprécions pas particulièrement les tapis. Il n’y en a aucun chez nous et mon épouse, en chef décoratrice, préfère les sols désencombrés de ces ramasse-poussières ! Mais, comme c’est une des spécialité du pays et que nous souhaitons tout voir, nous suivons notre guide improvisé. Dans une ruelle sombre, une façade peu avenante dévoile un petit atelier où des tas de tapis s’entassent.
Tapis à touristes
Le responsable des lieux semble ravi de nous voir débarquer à l’improviste. Il installe mon épouse sur un métier à tisser les tapis. Ce n’est pas qu’il cherche à l’embaucher, de toute manière, il aurait été déçu, elle n’est pas très manuelle, son activité finirait par péricliter. Il me demande simplement de la photographier ainsi, pour que nous puissions emmagasiner des souvenir, sympa ! Comme nous sommes les seuls touristes présent, il nous propose de déguster un thé à la menthe. Il a vraiment le sens de l’hospitalité et toute la prévention que nous pouvions avoir s’envole. Sans chichis, il nous installe dans le fond d’une pièce sans fenêtre qui ressemble à un showroom de marchand de tapis.
Quel tapis vais-je vous imposer ?
A partir de ce moment là, un défilé s’organise sous nos yeux. Le verre de thé à la main, plusieurs personnes se succèdent les bras chargés de tapis et ils les déroulent devant nous. Notre hôte se transforme en bonimenteur et nous vante sa marchandise. Le transport ? pas de problème, il livre partout dans le monde et particulièrement en Europe. Il nous montre des tapis emballés avec des étiquettes pour l’Allemagne, la France et l’Italie, en clair d’autres pigeons qui n’ont pas pu résister à l’énorme pression qu’il commence à faire peser sur nous. Nous sommes dans un piège et je ne vois pas comment en sortir sans acheter un tapis !
Le traquenard
Cela devient gênant, nous avons beau refuser tous les modèles présentés, il insiste le bougre ! Je lui dit que notre intérieur est contemporain et ce que nous avons vu jurerai avec nos meubles. Il ne se démonte pas et lance quelques ordres que nous ne comprenons pas vers ses sbires. Il s’impatiente et se lève pour faire accélérer la cadence. Nous nous retrouvons seuls quelques instants. Mon épouse en profite pour me dire : « il n’est pas question que je mette un seul de ces tapis chez moi ! » Je dois agir.
Sauve qui peut !
Quand l’homme revient, nous sommes debout et nous nous dirigeons vers la sortie : « Je vous remercie beaucoup pour votre hospitalité. Je raconterai à tous mes amis comment vous savez recevoir des inconnus en leur offrant du thé ! Un vraie leçon de savoir-vivre et un plaisir de vous avoir rencontré. En ce qui concerne les tapis, nous avons besoin d’y réfléchir et nous reviendrons vous voir bientôt. Merci encore ! » Sans lui laisser le temps de répondre, nous nous faufilons dans la ruelle. Nous avons failli nous mettre à courir, mais dehors, la pression retombe aussitôt.
Ah ! ces marchands de tapis !
La semaine suivante, de retour dans notre Normandie natale, un de mes frères nous invite à manger. Au cours du repas, nous racontons notre aventure, photo à l’appui, chez le marchand de tapis. Je dramatise un peu la situation pour mettre un peu plus de suspens pour arriver jusqu’à notre victoire d’avoir évité l’achat non désiré. Il ne dit rien et sort de table. Quelques instants plus tard, il revient les bras chargés d’un gros colis cylindrique. Deux ans auparavant, lors d’un voyage en Tunisie … Il n’a jamais ouvert le paquet !
Très intéressante qu’est cette histoire de tracasserie, histoire des tapis. Vous l’écrivez de manière à faire vivre le lecteur ce que vous avez vécu. Super !
Merci Sylvestre pour ce gentil commentaire. Si vous avez apprécié cette histoire, je vous encourage à en lire d’autres et à faire partager votre découverte avec vos amis.