Un sauvetage au pas de course

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Qui veut faire la course ?

J’attaque la montée en tête. Le chemin creux est assez étroit à cet endroit, j’en profite pour prendre un peu d’avance. Je surveille mon cardio, je ne dois pas dépasser les 170 pulsations. J’ai un peu de marge, j’accélère encore un peu. Derrière, je sens que la soirée arrosée fait son effet, je laisse sur place mon poursuivant. Bien entendu, je lance la course, un challenge sur le premier en haut de la côte. Je doute que la victoire m’échappe mais pour motiver mon compagnon, je l’attaque sur sa virilité en cas d’échec, il est prêt à tout sur le sujet. Nous sommes trois en tout sur nos VTT un dimanche matin dans la campagne torignaise.

Tout oiseau doit savoir voler.

A mi-côte j’aperçois un faisan qui se repose au milieu du chemin. Dès qu’il me voit, il s’enfuit. Au lieu de décoller comme aurait fait n’importe quel oiseau sauvage digne de nom, il essaie de me prendre à la course. Mon vélo tout suspendu, freins à disques et tout l’équipement qui va bien n’entend pas se laisser distancer par un gallinacé à la course. Sans que lui demande, il entreprend de rattraper le coureur. Ce dernier sens déjà la gomme de ma roue avant près de son croupion. Cela lui donne un regain d’énergie et il déploie ses ailes et effectue un décollage tel un bombardier.

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Faites du sport, ça peut sauver la vie.

Je ne peux plus lutter pour le moment, la gravité joue contre moi. L’oiseau me devance de dix mètres, puis quinze. Tout semble plié. Je remarque que son vol est lourd. Le rase-motte doit être sa spécialité, à son apogée il doit monter à deux mètres. Et patatras, il se ramasse et se retrouve les pattes en l’air. Il a beaucoup moins d’allure comme ça. J’en profite pour combler notre écart, il redémarre à la course. Je pense qu’il a dû louper les cours d’EPS, la bête n’est pas très sportive. Je suis maintenant obligé de ralentir pour ne pas l’écraser.

Allez, encore un petit effort

Il capitule déjà. Il s’est arrêté et me tourne le dos pour faire celui qui ne m’a pas vu. Ce n’est pas la meilleure technique, à mon avis, pour échapper aux prédateurs. Je pose le vélo et m’approche de lui. Il repart à la course mais trois mètres plus loin, il est fatigué et stoppe son effort. Mes compagnons de sortie arrivent à leur tour. Mon premier poursuivant qui a horreur des plumes reste à bonne distance. Le second s’approche et se saisi de l’animal sans réaction de sa part. « Il va tenir compagnie à mes poules. » Il l’enfourne dans son sac à dos. Je décèle chez ce faisan une sorte de soulagement.

Il y a les bons chasseurs …

La chasse est ouverte depuis une semaine. Cet incident me rappelle un sketch des inconnus. Effectivement, l’éleveur de ce coq a oublié de l’inscrire aux différents stages de survie en milieu rural. Son expérience du terrain n’est pas fameuse, à moins que nous soyons tombé sur un tire-au-flanc ou celui qui termine la mangeoire sans en laisser pour les autres. Il a quand même du bol, être récupéré, mis au chaud et à l’arrivée profiter de trois poulettes célibataires, il aurait pu plus mal tomber.

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