La maison du bonheur : Comment en profiter longtemps ?

la maison du bonheur

Le notaire termine son exposé et nous allons passer à la cérémonie des signatures. En moins de temps qu’il ne faut à un cheval énervé pour virer un cow-boy débutant, nous voici maintenant propriétaires de notre nouvelle maison à Courcy, tout à côté de Coutances. Cette maison ne constitue pas notre premier investissement immobilier, mais, elle réuni enfin, presque tous les points positifs que nous recherchions depuis plusieurs années. Une jolie longère en pierres bien rénovée, une vue dégagée sur la campagne environnante et surtout un endroit calme dans un hameau proche de l’axe Coutances à Saint-Lô. Le home sweet home parfait, si bien que le déménagement se fera dès demain matin, pas question pour nous, de perdre une seule journée.

Installation dans notre nouvelle maison

Des déménageurs professionnels prennent en charge nos affaires, en effet, il suffit d’avoir le dos un peu fragile et hop un tour de reins pendant quinze jours. Ce serait dommage de gâcher un si bel événement avec un ennui de santé. Pendant que nous rangeons nos affaires au fur et à mesure de leurs déchargements, nous constatons une activité similaire à la nôtre, dans la maison la plus proche. Nous allons profiter de nouveaux voisins. Ce n’est pas plus mal, lors de nos visites avec l’agence immobilière, nous avions remarqué que l’entretien de cette location laissait un peu à désirer. Nous nous promettons de leur rendre une visite de courtoisie dès le lendemain.

Une visite de courtoisie

Nous n’avons pas besoin de sonner à la porte, le chien de la maison nous a repéré et il signale joyeusement à nos nouveaux voisins notre venue. Pour l’occasion, nous apportons une bouteille de vin pétillant, le genre qui sert à fêter dignement les moments importants de l’existence. Un jeune couple sans enfant, Rémi et Claudine, habite cette location. Ils apprécient notre geste. Bientôt, les bulles aidant, l’ambiance monte d’un cran. Ils organisent même un barbecue improvisé. Je retourne dans notre maison pour compléter les victuailles que nos charmants voisins sortent pour marquer cette journée comme celle d’une amitié nouvelle.

Un métier inquiétant

Dès le lundi matin suivant, Sultan, le compagnon à quatre pattes des voisins, nous réveille à cinq heures du matin. Rémi, nous avait prévenu qu’il travaille avec des horaires décalés à la SOCOPA, l’abattoir local. Les conditions de son activité sont rudes, surtout dans son service, il est tueur. Lors de notre fiesta improvisée, il nous a raconté les différentes techniques qu’il utilise pour tuer ! Cela dépend du type d’animal à traiter et s’il faut ajouter un rituel, comme pour la viande halal où il faut égorger la bestiole. Normalement,  un sacrificateur musulman intervient, mais, il nous a avoué qu’il avait essayé. La législation oblige à étourdir l’animal, mais pour respecter les rites, il doit être conscient de ce qui lui arrive. Nous lui avons demandé d’écourter ses descriptions qui nous ont épouvantés.

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Le chien, un joyeux compagnon

Loin de se calmer, Sultan, qu’il a du laisser dehors, continue à japper presque sans discontinuer. Nous l’excusons, le changement de lieu de vie affecte tout le monde, le chien aussi. Nous espérons, cependant, qu’il va vite s’habituer au quartier, le sommeil permet de recharger ses batteries et son absence a tendance à irriter. Ce premier petit déjeuner ne se déroule pas aussi joyeusement qu’escompté, nous n’avons pu, ni l’un ni l’autre nous rendormir. Le pire, c’est qu’il n’arrête pas d’aboyer. Soudain, le silence envahit l’espace. Le soulagement qui suit nous délivre du poids qui commençait à nous écraser. Sans en avoir parlé ensemble, nous commencions déjà à douter de notre investissement. Je me précipite dehors et j’aperçois Claudine qui me fait un signe amical de la main. Je lui rends.

La maison du bonheur

Les jours qui suivent n’apportent aucune amélioration, Sultan jappe toujours autant. L’avantage, nous pouvons suivre les horaires de travail de Rémi, dès qu’il part, le chien commence sa sérénade. Nous savons, par exemple que jeudi et vendredi, il n’a pas travaillé. Mais loin de nous rassurer, nous nous rappelons que ça veut dire que la semaine prochaine, il prendra son boulot à vingt-deux heures, à bas les cadences infernales ! Nous résistons encore pour le moment, mais nous voyons bien que nous n’allons plus tenir longtemps. Un délai de quinze jours, nous paraît plus que raisonnable pour que cette maudite carne arrive à s’habituer et qu’elle nous laisse enfin profiter de notre jolie maison.

Une concertation constructive

Le samedi suivant, j’avise les voisins qui bricolent dans leur jardin. Je les salue et j’en profite pour les rejoindre afin de trouver une solution à notre souci. Pour commencer, ils n’ont pas vraiment conscience de la gène occasionnée par Sultan. En effet, Rémi part quand il donne de la voix et Claudine a le sommeil lourd et en plus, suite à un virus agressif pour son oreille, elle a perdu une partie de son audition. Moralité, elle doit porter un appareil si elle veut profiter des conversations. Donc la nuit, bien entendu, si j’ose m’exprimer ainsi, elle ne le porte pas, si bien qu’elle ne profite pas du barouf généré par son clébard. Je reste zen tout au long de l’échange, mais ferme sur la nuisance provoquée. Ils compatissent et promettent de trouver une solution.

la solution du problème

Miracle, sultan, le joli toutou, n’aboie plus ! Comment ont-ils fait ? j’obtiens l’explication le jour même, Claudine me montre le nouveau collier de son animal de compagnie, un collier anti-aboiement. Dès que le chien commence à se manifester, il reçoit une décharge électrique pour lui signifier qu’il doit stopper immédiatement. Parfait ! Ce dispositif m’enchante et je retourne tout guilleret à la maison pour expliquer, à mon épouse préférée, l’origine de ce prodige. Nous pouvons enfin goûter aux joies de nuits complètes et réparatrices. Les meilleures choses ont une fin et, brutalement, trois semaines plus tard le tapage repart de plus belle, à croire que ce temps d’abstinence l’a reboosté pour aboyer encore plus fort.

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Retour à la case départ

Sans plus attendre, je me précipite chez nos riverains afin de leur proposer un nouveau jeu de piles pour alimenter le collier. Malheureusement le problème vient d’ailleurs. Ma voisine vient de prendre subitement conscience que ce collier entrave la vie de son chien et que lui aussi a le droit de s’exprimer. Il n’est plus question qu’un tel gadget nuise à l’équilibre psychologique de son animal ! Nous sommes dans de beaux draps ! Je prévois des heures sombres à venir et que nous n’allons pas déguster, ensemble, un nouveau barbecue avant longtemps. Horrible ! Plus moyen de fermer l’œil, je pense aussi que nous avons perdu notre patience et que nous devenons attentifs au moindre couinement.

Allons-nous garder la maison ?

Je vous passe toutes les démarches suivantes, entre plaintes à la mairie avec un manque de bol parce que le chien reste calme quand ils viennent. Une autre action vis à vis des propriétaires de la maison qui nous renvoient vers l’agence qui gère ce bien. Celle-ci se fend quand même d’un recommandé qui n’apporte aucun résultat. La seule méthode qui nous reste est la même qu’ils utilisent envers nous, le harcèlement. Dès que le chien pousse le moindre hurlement, je me rends chez eux pour leur demander le silence. Les premiers temps, ils ouvrent la porte, maintenant, ils restent cloîtrés derrière leur huis. Il faut quand même que je me méfie au vu du métier de Rémi.

Une mesure radicale

Cela me donne l’idée ultime, je vais tuer le chien ! J’échafaude plusieurs possibilités. J’achète une carabine et pan le chien, pas très discret ! Je sors ma voiture juste au moment où il passe sur le chemin et paf le chien ! Je risque d’abîmer ma peinture. Pourquoi pas avec un grand couteau façon viande halal ! Je manque d’expérience. Le poison me semble le meilleur moyen. Pendant que je me documente sur internet, mon épouse m’appelle et me fait remarquer un drôle de manège chez les voisins. Deux camionnettes et une armée de leurs copains s’activent. Ils déménagent, la meilleure nouvelle de l’année ! J’interrompt donc ma recherche mais une question nous taraude : Les prochains locataires auront-ils un chien ?

Acheter sa maison comporte toujours une part d’incertitude, même avec les plus grandes précautions. Je vous encourage à me faire un commentaire (même avec une adresse e-mail bidon) afin de savoir si vous avez aimé cette histoire.

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4 Commentaires on "La maison du bonheur : Comment en profiter longtemps ?"

  1. Ca se lit très bien ! C’est à la fois festif et stressant. Le mélange des deux donne un bon équilibre à la lecture.

  2. Très agréable lecture ! 😘

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