Comme tous les jeudis matin, moi, Jean-Yves, manœuvre ma camionnette sur la place du parvis de Coutances. Je dois aligner parfaitement ma remorque aménagée à l’emplacement exact qui m’est réservé. Il n’est pas question d’empiéter sur l’espace du voisin. Le placier profiterai de son pouvoir, pour m’obliger à me déplacer, ne serait-ce que de quelques centimètres. Comme vous le savez forcement, le jeudi est jour de marché dans cette sous-préfecture de la Manche. Pour vous préciser, je suis ce qu’on appelle un commerçant non sédentaire. J’exerce, avec Coralie ma fidèle assistante, ma spécialité sur la crêpe au froment et la galette de sarrasin, depuis plus de 14 ans à l’ombre de cette majestueuse cathédrale. Elle fait la réputation de cette commune depuis le XIIIème siècle. Je dois cependant vous préciser qu’à l’époque, je n’exerçais pas encore.
Un marché bien organisé
Le marché s’organise en plusieurs secteurs. Le bazar, qui comprend outre les marchands de babioles en tous genres, des déballeurs de vêtements. Les primeurs, accompagnés par les fromagers et autres métiers de bouche. Les restaurateurs, dont je fait partie, ceux qui nourrissent la population affamée avec des saucisses, grillades, pizzas et autres nems. Notre heure se situe plutôt vers la fin du marché, quand midi approche et que les ventres affamés déboulent montés sur les jambes de leurs propriétaires. Nous avons intérêt à préparer ce rush. Pour les uns, avec une montagne de saucisses pré-grillées, pour moi avec un tas de crêpes et de galettes de sarrasin. J’en ai déjà fourré certaines avec les ingrédients de base comme les œufs, le jambon et le gruyère râpé, une galette complète quoi !
On ne gaspille pas la galette de sarrasin
Ce jour-là, manque de bol, il tombe des cordes ce qui est très rare en Normandie ! il pleut depuis le matin et quand on exerce une activité de plein air, ça n’aide pas le commerce. Heureusement, nous avons des clients fidèles. Ils commandent souvent dès qu’ils arrivent au boulot, par exemple une galette petiote normande, une de mes spécialités, avec une douzaine de crêpes pour le dessert. Cela assure un peu du chiffre d’affaire mais ça ne fait pas tout. Je regarde, consterné, les 2 tas, crêpes et galettes de sarrasin, au plus haut. Et les badauds qui désertent de plus en plus les allées ! Rien n’est encore perdu, la sortie du midi arrive. Je ne vais tout de même pas gaspiller cette bonne nourriture. Je suis debout depuis quatre heures du matin pour les préparer, j’en aurai mal au cœur. J’en suis là dans mes réflexion quand, soudain, une grande agitation survient du côté du jardin public.
Attention aux animaux sauvages
Une chauve-souris vampire du jardin des plantes, dérangée par un pangolin qui passait par là, a cru que la nuit venait d’arriver, au vu de la faible luminosité ambiante. Elle se jette sur lui afin de le saigner un peu et surtout lui apprendre les bonnes manières. On ne dérange pas les gens en plein sommeil. Manque de pot pour elle, le pangolin rentrait de chine d’un stage de kung-fu. Ce qui devait arriver, arriva, comme il ne portait pas de masque là-bas, il a attrapé un nouveau variant de la Covid, la Zombistrand. Et c’est ainsi qu’il l’a refilé illico à cette chauve-souris innocente. Au lieu de rentrer calmement se reposer la tête en bas, comme d’habitude, elle attaque le nouveau directeur de la société générale, dont l’agence se situe juste à la sortie du jardin des plantes. Il partait juste au moment, pour se payer une pizza. Cette Covid, encore plus virulente que toutes les précédentes, le transforme en moins de 2 minutes en zombi.
L’épidémie progresse vitesse grand V
Affamé, le directeur attaque, à son tour, une passante qui revient du marché. Celle-ci subit le même sort que son mordeur et devient un zombi aussi. Dommage pour elle, elle portait un masque, mais cela ne l’a pas protégée. La contagion devient vite exponentielle, l’arrêt de la pluie, combinée avec l’heure de midi, pousse les gens dehors. Sans méfiance, ils se font attaquer par des zombis qui deviennent de plus en plus nombreux. Bientôt, ils envahissent la place du marché et arrivent devant mon stand. Je fais comme si de rien n’était pour ne pas me faire remarquer, car je vois que les personnes qui crient, sont les premières à se faire mordre. Ma stratégie ne fonctionne pas longtemps, une dizaine de zombis nous dévisagent, Coralie et moi, sans pourtant nous attaquer. Comment réagir ?
Galette de sarrasin au boudin blanc
Il y en a un qui commence à s’approcher dangereusement, je lui propose aussitôt ma spécialité du moment, la galette au boudin blanc. Il ne semble pas comprendre, mais je continue de jouer l’indifférence et je lui demande s’il veut un sopalin ? Sans attendre sa réponse, je lui enfourne la galette de sarrasin dans sa bouche baveuse grande ouverte. Presque aussitôt un changement dans son attitude survient. Il reprend ses esprits et redevient presque normal, seul son nez reste rouge et un peu enflé. Il a donc un gros nez rouge ! Je comprends que le sarrasin, qui est plein de vertu, combat efficacement le virus Zombistrand et que les consommateurs, non seulement ne risquent rien, mais en plus guérissent dans l’instant. Comme mon stock est important, je me munis de plusieurs galettes et pars combattre les zombis avec cette arme super efficace.
Un nouveau remède qui va sauver le monde
En moins de temps qu’il ne faut à une crêpe pour se retourner, la majorité des zombis est neutralisée. La police municipale, telle la cavalerie, arrive pour constater ma contre-attaque. Ils m’aident, à grand coups de galettes de sarrasin, à éliminer les derniers malades. Grâce à cette aventure, qui aurait pu tourner au drame, un nouveau remède encore plus efficace que les vaccins moderna, pfizer ou AstraZeneca, protège maintenant la population française. Un remède que le monde entier nous envie et qui ne comporte aucun effet secondaire. Un remède que même les plus récalcitrants des anti-vaccins plébiscitent, la galette de sarrasin ! Merci Jean-Yves !
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