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Un rêve, se déplacer en canoë
Nous sommes dans la camionnette depuis quinze minutes sur la route qui longe « la Dourbie ». Il y a six autres personnes qui ont pris place avec nous. Le chauffeur arrête son véhicule pour la première station. Nous sommes en vacances à Millau, un bel été, nous avons décidé de faire une randonnée fluviale. Le camping où nous avons planté notre tente est très agréable, nous profitons d’un bel emplacement ombragé. Depuis plusieurs jours que nous sommes là, nous regardons avec envie chaque canoë qui arrive nonchalamment jusqu’à la base située juste en face. Nous n’y connaissons rien mais cela à l’air si simple. Nous faisons fi de notre première appréhension, et décidons d’en louer un pour passer une après-midi au fil de l’eau. Trois parcours sont possibles, le temps de descente pour chacun d’eux est bien défini. Nous optons pour le plus long, trois heures. Nous espérons ainsi voir plus de belles choses le long de cette rivière.
A nous le bon rapport descente/prix
Seulement deux personnes descendent à cette première station, nous les trouvons un peu pépères, nous qui sommes jeunes et dynamiques, nous pouvons en faire beaucoup plus. La montée le long de la rivière reprend, les méandres sont nombreux et les paysages magnifiques. Nous savourons par avance notre croisière. Deuxième station, nous restons seuls dans l’estafette, tous les autres ont choisi l’intermédiaire. Pourquoi pas ? Cependant un rapide calcul du rapport temps passé/prix nous a aussi convaincu d’aller plus haut. Nous en profitons pour occuper les deux places passagers situées à l’avant afin d’établir le dialogue avec notre chauffeur. Après quelques banalités d’usage, il nous interroge sur nos compétences dans le maniement d’un canoë. Nous lui avouons qu’elle est proche du néant total. Après réflexion, je me souviens d’un bateau pneumatique que j’utilisais pendant mon enfance, il avait une forme allongée similaire à l’engin. Il ne semble pas convaincu par cette expérience.
Pourquoi cherche t-il à nous effrayer ?
« A coup sûr vous allez être mouillés » nous déclare-t-il pour nous avertir. Je pense vraiment qu’il en rajoute, c’est un peu son rôle d’émoustiller les touristes que nous sommes. Nous arrivons à notre lieu d’embarquement. Il pousse sans ménagement notre esquif de la route par un chemin de terre qui rejoint directement une zone calme où on peut monter à bord facilement. Il nous tend les gilets de sauvetage et les casques. Les casques ! Nous n’avions même pas envisagé d’en avoir besoin, cependant c’est le règlement. A ce moment-là, un canoë très effilé, passe devant nous et s’engouffre directement dans les rapides à toute vitesse. Nous le regardons faire, ça à l’air vraiment simple. Nous saluons notre accompagnateur qui repart aussitôt vers sa base.
Une prise en main à l’aise
Ça y est, nous sommes assis les pagaies à la main, mon épouse devant, moi derrière et quelques coups de rames timides nous éloignent du bord. En réalité, l’engin n’est pas aussi stable que nous l’avions imaginé. « De quel côté faut-il que je rame ? » me demande-t-elle. Bonne question, je ne pense pas que la réponse soit si importante. « N’importe, tu fais juste pour que ça aille droit ! ». Je trouve que nous prenons un peu trop de vitesse et je vois les rapides qui s’approchent à toute allure. Je tente de freiner notre course avec quelques mouvements vers l’arrière. Grave erreur, le bateau ne comprenant pas mes instructions, se met carrément en travers, ce n’est pas le bon moment. L’étrave se bloque entre deux rochers en embuscade. L’ensemble se retourne. Nous sommes éjectés et le canoë reste coincé en plein courant au beau milieu du cours d’eau. Le gars avait raison, nous sommes mouillés.
Quelques petites difficultés s’accumulent
Nous nous remettons à peine de nos émotions, qu’il faut maintenant récupérer notre embarcation. La température de l’eau, bien qu’elle soit fraîche, n’est pas notre préoccupation. Nous avons quand même parcouru environ 100m sur les dix-sept kilomètres du trajet total, cela nous laisse augurer d’une bonne moyenne. Je suis obligé de retourner en plein courant pour dégager notre rafiot. Après dix minutes d’efforts, il consent enfin à remuer un peu. Nous atterrissons un peu plus bas et il nous faut vider le double fond. « Je ne suis pas rassurée » me confie ma moitié. Je lui communique mon optimisme, c’est le métier qui rentre et la suite à l’air bien plus calme. Nous rembarquons.
Rien que pour nous énerver, le canoë s’obstine à se mettre en travers du courant. Les manœuvres sont quasi impossibles. Ce qui devait arriver, arriva, nous chavirons à nouveau. Pour en rajouter, une des chaussures de mon épouse en profite pour reprendre sa liberté. Sa sœur se retrouve orpheline, elle terminera sa carrière dans la poubelle du camping. En attendant, il m’est de plus en plus difficile de convaincre mon équipière que tout va bien. Le boycott n’est pas loin. Je lui fais remarquer que nous avons parcouru peut-être cinq cents mètres, on n’est pas rendu !
Ah, les vacances en canoë …
Je dois trouver une solution rapidement pour éviter d’envenimer les choses. Heureusement la route longe la rivière et donc je me hisse jusqu’à elle pour guetter la prochaine fournée d’inconscients. La camionnette se pointe presque aussitôt, à mes signes elle s’arrête et le chauffeur me reconnaît. Je lui explique nos tribulations, compréhensif il m’aide à rapatrier son danger flottant. Retour plus rapide que prévu au bercail. Je lui signale mon mécontentement par le manque de conseils des organisateurs, ils nous ont vendu cette descente sans se soucier de nos compétences. Le résultat de ce traumatisme est qu’il nous faudra attendre des années avant de remettre nos fesses dans un tel engin. Pour la fin de l’après-midi, une douche commune bien chaude nous remet de nos émotions. Nous terminons nos vacances avec d’autres activités plus terriennes et moins risquées.
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