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Cette histoire de marchand-histoires.com fait partie d’une œuvre collective, un ensemble d’articles sous le nom de cavalcade des blogs. Un groupe de blogueurs dynamiques ont décidé de nous faire découvrir d’autres blogs avec des articles passionnants. L’ensemble des articles se retrouvent ce mois-ci sur le blog Adadamondadou. Je vous encourage à découvrir de nombreux talents qui s’y expriment.
Le sportif est sur la ligne de départ.
L’air est électrique. La tension entre les participants est immense, tous se regardent du coin de l’œil. Le signal du starter est sur le point d’être donné, je sais que j’ai toutes mes chances. Je suis un sportif professionnel. Cette course pour moi, en est simplement une de plus, mais c’est à chaque fois la même chose, sur la ligne de départ, je suis rempli d’excitation. Je revois mes premières épreuves, ma progression a été fulgurante. Maintenant, pour moi, une place sur le podium est un minimum. Les autres concurrents le savent, ils ne me feront pas de cadeau.
C’est parti !
Nous nous élançons tous comme un seul homme. Prudemment, je ne me porte pas en tête. Le parcours est long de quatre mille mètres et il est parsemé d’obstacles. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, beaucoup ne savent pas gérer et n’arrivent même pas à finir. La première haie est déjà là. La différence se joue toujours au pied. S’il veut garder le bon rythme, le coureur aguerri calcule sa foulée pour ne pas avoir à piétiner. Pour ma part, je l’avale sans aucune difficulté, il est vrai que ce n’est qu’une mise en bouche, certains seront plus costauds.
Je suis né pour gagner.
Un groupe de tête, dont je fais bien entendu partie, s’est formé. Certains concurrents n’ont déjà plus aucun espoir de remporter le trophée. Pour tenter d’égaliser les chances de ce steeple-chase, les organisateurs m’ont lesté de vingt-deux kilos. Sur cette distance, c’est un véritable handicap, heureusement mon jockey est léger comme une plume et il sait m’encourager. Il pense qu’il tient les rênes, en réalité je suis maître de mon destin et c’est moi qui impose la stratégie de la course. Je passe devant.
Mon destin bascule.
La « rivière des tribunes » est toujours un petit tracas. L’eau n’est pas un problème mais la largeur de l’ensemble constitue le défi. Je suis concentré et j’arrive dessus en position idéale. Soudain, sans aucune raison apparente, je sens une pression importante sur mon mors. Je suis retenu et ça me déséquilibre complètement. Qu’est-ce qu’il fait cet imbécile ? Il me fait changer mon pied d’appel et je suis encore trop loin pour déclencher mon saut. La catastrophe, lors de mon envol, j’accroche la barrière et j’atterri au beau milieu du bassin glissant. C’en ai fini de la victoire, je me vautre lamentablement et une douleur terrible envahi mon antérieur droit.
- – Il ne pourra plus jamais courir, il est foutu !
- – Tu es sûr ? Rien n’est cassé pourtant. Un cheval de ce calibre, un sportif comme lui, il faut le soigner.
- – Bien entendu nous allons le soigner, il n’est pas encore question de le mettre à la boucherie. J’ai peur que ce ne soit une cause perdue, en plus c’est un hongre, il ne pourra même pas servir pour la reproduction.
- – Ah non ! pourquoi parles-tu de boucherie ? Avec ce qu’il t’a déjà fait gagner, tu peux faire des efforts.
- – Si tu as une solution, je t’écoute. Tu connais notre situation, non seulement nous perdons un champion, mais les finances ne sont pas particulièrement au beau fixe …
Mon rêve : un cheval.
J’ai toujours rêvé d’avoir mon propre cheval. Je ne suis pas particulièrement une bonne cavalière, cela ne fait qu’un an que je fréquente ce centre équestre et l’apprentissage est plutôt rude, surtout à mon âge. J’ai passé la quarantaine et j’enchaîne les passions. Si je me raisonne, il est vraisemblable que d’ici six mois j’arrêterai. C’est pourquoi la proposition d’Aurélie, ma monitrice d’équitation, me laisse perplexe. Elle me propose d’adopter un ancien cheval de course, qui est mal en point, contre des bons soins. C’est une amie qui lui propose cette opportunité. Je suis surprise et ravie, je sais qu’il y a une différence entre le sport hippique et les sports équestres, entre la course et les différents concours de saut d’obstacle. Ces deux mondes qui partagent la même passion du cheval, ne se fréquentent guère.
Je ne devrait pas écouter mon cœur.
Il est magnifique, une robe alezane avec une liste assez large qui souligne son caractère. Le vétérinaire n’est pas très optimiste, les ligaments sont salement amochés, il n’est pas certain qu’il puisse être remonté un jour. Les soins seront longs et coûteux. Il n’est pas très encourageant, cependant, depuis que je l’ai caressé, j’ai senti que le courant passait très bien entre nous. Pour preuve, il suffit que je m’éloigne et il redevient très nerveux et Aurélie a du mal à le calmer. Je sais que je fais une connerie et que je me laisse bêtement guider par mes sentiments, je l’adopte.
Rien n’est perdu d’avance.
Des solutions alternatives à la médecine vétérinaire classique existent. C’est donc avec des séances d’ostéopathie et des compléments alimentaires que je décide d’entamer la rééducation de mon nouveau compagnon. Tout cela me coûte un bras ! Ce n’est pas si important, j’oublie toutes ces dépenses dès que je suis en sa compagnie. Son moral est bon, mais c’est un déchirement dès qu’il faut que je retourne à mes engagements professionnels. Uns sorte de symbiose s’établi entre nous. Quand il est au pré avec d’autres compagnons et qu’il me reconnait, il accourt aussitôt et je remarque que sa démarche de sportif est de plus en plus souple.
Un sportif a le droit à sa deuxième chance.
C’est le grand jour, sur les conseils d’Aurélie, je décide de tenter de le monter pour la première fois. Je suis toute excitée et inquiète à la fois. Tous les feux sont au vert pour tenter cette expérience. Sa santé est excellente et les séquelles de son accident sont quasi indétectables. Lui aussi semble impatient de mener cet exercice. Cela fait presque deux ans qu’il n’a pas eu de selle sur le dos mais il se laisse harnacher sans problème.
J’ai l’impression d’être montée sur une moto de cross, une ancienne passion. La moindre sollicitation et il démarre au quart de tour. J’ai toutes les peines du monde à le retenir. Heureusement nous sommes dans la carrière et que des lices en bois ceinturent cette piste d’exercice. L’extrémité de la zone arrive rapidement et il entame son premier virage. Nous passons ainsi une heure à faire connaissance mais je dois arrêter, pour un premier essai, je dois le ménager. Quelques mois plus tard, c’est en randonnée que nous partons découvrir les sentiers du secteur.
Tous les tracas qu’il a pu subir sont loin. J’ai maintenant mon cheval, un ancien sportif de haut niveau, tous les deux nous formons un joli duo et nous nous rendons mutuellement heureux.
Une belle histoire pour être optimiste et vouloir que d’un mal peut sortir un bien…
Merci Françoise pour ton commentaire, je me suis inspiré de l’histoire du cheval d’une amie qui fut un champion.
Merci Didier pour ta première participation à cette cavalcade des blogs ! Et bravo d’avoir réussi à te glisser dans la tête d’un cheval sur les startings-blocks ! Je suis en train d’écrire la synthèse de toutes les participations 🙂
Superbe histoire, j’aime beaucoup ta façon d’écrire 🙂
Merci Lisa pour ce commentaire élogieux, ça me fait plaisir et ça m’encourage à continuer l’écriture.