Mon numéro 12 ou le foot forever

Numéro 12
Numéro 12

Le foot, une affaire de famille

Mes trois frères jouent au foot. Il y a aussi mon papa qui court tous les dimanches le long de la ligne de touche pour faire l’arbitre avec son drapeau. De plus, j’habite une petite ville en province où, l’un des seuls sports possible, est ce jeu de balle. C’est donc tout naturellement que je me suis inscrit au foot. Je n’ai pas d’à priori sur ce sport. Ce n’est pas une passion, mais l’exercice est bon à tout âge et cela permet de sociabiliser les jeunes.

Pris au piège

Nous sommes dans les années soixante-dix et internet n’existe pas. C’est donc un moyen sûr de s’occuper le mercredi et le samedi en dehors de la télévision. Et puis tous mes camarades de classe jouent ; vraiment, je me demande pourquoi je me pose des questions. Les années s’enchaînent et l’habitude de jouer au foot aussi. Je démarre donc pupille, puis minime, cadet et enfin junior. Aujourd’hui ces dénominations n’ont plus cours mais à l’époque, c’est avec fierté qu’on annonçait l’équipe dans laquelle on jouait.

Un maillot, une place

Chaque niveau s’étale sur deux ans, cela donne le temps de connaître ses qualités. Les dirigeants bénévoles nous attribuent donc une place sur le terrain en fonction de leur ressenti. Le numéro sur le maillot indique l’emplacement sur le terrain. Mon parcours footballistique a donc suivi une progression. J’ai commencé numéro 1, gardien de but, puis numéro 2 arrière et ainsi de suite. J’aurai du me douter qu’avec cette progression je finirai par avoir des problèmes.

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Mon numéro 12

Ce qui devait arriver arriva, je devins le spécialiste du numéro 12. Pour ceux qui ignorent les règles, il y a onze joueurs sur le terrain, le numéro 12 est donc le remplaçant. Quand les effectifs sont importants, j’ai même le droit au numéro 13. Mon objectif est maintenant de jouer au moins une mi-temps complète. Je dois reconnaître que ma maîtrise de ce jeu complexe, n’est pas totale. Les enjeux sont énormes pour une équipe comme la nôtre évoluant dans le championnat départemental jeune. Donc savoir taper dans un ballon avec ses pieds n’est pas donné à tous.

Un anniversaire innoubliable

C’est aujourd’hui mon anniversaire, j’ai dix-huit ans. J’entame ma dernière année en junior. Nous arrivons avec l’équipe dans un grand centre urbain, une Mecque du foot, Troisgots. Bon, j’exagère un peu, il doit y avoir moins de 362 habitants et certainement des vaches plus nombreuses dans la commune. Le sac à maillot est sorti. Chacun se précipite pour attraper le sien. J’attends tranquillement, mon numéro 12 n’est pas très convoité. Nous nous préparons. J’ose espérer que pour ce jour, j’aurai le droit à ma mi-temps complète.

Un cadeau imprévu

Un cri dans le vestiaire. Un de mes homologues a oublié ses chaussures. Vu la boue du terrain, il n’est pas question de jouer avec des tennis. Je me sens tout joyeux, je vais enfin faire un match complet. Le dirigeant semble ennuyé, il s’approche de moi et me demande ma pointure. Je chausse petit, un 40. Je ne comprends pas pourquoi il me pose cette question. L’autre fait du 42. Il me demande d’essayer mes pompes. Ça m’étonnerai qu’il rentre dedans, il faut qu’il se fasse à l’idée que c’est moi qui vais jouer.

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Enfin la liberté

Je suis sur le cul ! Il a pu entrer dans mes godasses et le voilà qui court partout. Ce n’est pas possible ! Bon, je vais au moins les récupérer à la mi-temps, je jouerai au moins une demi-partie. Le moment arrive et il refuse de me redonner mon bien. Le pire c’est que l’encadrant l’approuve et tente de m’expliquer l’inexplicable. J’étais aveugle depuis toutes ces années, ils viennent de me libérer. Je ne remettrai plus jamais les pieds sur un terrain de foot, adieu le numéro 12. Je ne les remercierai jamais assez pour leur attitude.

Cette année encore j’ai fait une entorse à mon habitude. Comme en 2006, j’ai regardé un match de foot à la télé. Peut-être l’avez-vous vu aussi ? La France jouait contre la Croatie. Je peux même vous donner le score 4 à 2 et la France a gagné, bravo !

Ami lecteur, j’aimerai vraiment que tu me dises ce que tu penses de cette histoire vraie. As-tu vu la finale ? Je ne sais même pas qui était le numéro 12.

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