Le paysan, le cochon rose et le cheval

le cochon rose

Je suis un privilégié

En journée pendant la semaine, je me promène dans la cour. C’est un privilège, peu de mes compagnons y sont autorisés. Il y a quand même des parties interdites, je ne dois surtout pas approcher du jardin. En revanche, j’ai un coin qui m’est particulièrement réservé. Il s’agit d’un tas d’ordure que mes fermiers me mettent à disposition. Je suis un beau cochon rose. Je vis dans une ferme à la campagne et pour moi tout va bien. Le soir j’ai mes propres appartements et en plus des déchets qu’on me réserve, je suis largement nourri.

Je suis le plus beau, on le dit!

Presque trop, je ne sais pas m’arrêter. Mais je tiens particulièrement à faire plaisir à mes paysans. Encore l’autre jour en me regardant traverser devant eux, je les ai entendus dire que je devenais de plus en plus beau. Je communique avec tous et particulièrement le cheval. Une bête robuste qui tire à lui tout seul une énorme charrette remplie de foin à ras bord. Il est un peu fier mais je l’aime bien. Quand je lui fais la conversation, il n’est jamais très causant mais c’est un agréable compagnon.

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Le cheval va mal

Ce matin, il est couché sur le flan, ça ne lui ressemble pas. Le vétérinaire dépêché sur les lieux  est un peu perplexe. Je suis en retrait mais mine de rien, j’écoute la conversation qu’il tient avec mon exploitant. Il y est question d’un remède coûteux à prendre sur trois jours. Si au bout de ce délai il n’y a pas d’amélioration, il faudra envisager une solution radicale. « Je reviens demain pour constater l’évolution ». Je suis un peu épouvanté par ce que je viens de découvrir. Je m’approche donc du cheval pour le prévenir.

Le cochon rose à la rescousse

Je le vois, il souffre. « Cheval, c’est important, je pense que tu devrais essayer de te lever. » Mais la bête de somme peut à peine répondre, elle est au plus mal. Il est impossible pour elle de bouger. Je repars donc dans mon coin un peu inquiet. Je pense qu’une bonne nuit de sommeil pour un hercule comme lui sera salutaire. J’en parle avec le canard qui me dit de me mêler de mes affaires. Il ne veut rien savoir, quel égoïste ! Je passe donc une mauvaise nuit avec des cauchemars où je vois le cheval embroché.

Un drame se prépare

Le lendemain, je me précipite pour prendre des nouvelles. L’homme médecine est déjà là et il administre le deuxième jour de traitement. Pas d’amélioration en vue, toujours couché sur le flan, le cheval ne respire pas la santé. « J’espère qu’il va s’en sortir rapidement, votre traitement il coûte cher et j’ai pas vraiment les moyen de dépenser des fortunes pour cette carne ! » « Allons jusqu’au troisième jour comme convenu, on fera face à la situation après. » Leur dialogue continue ainsi. Je dois faire quelque chose, je ne peux pas les laisser faire.

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Un peu d’effort, c’est pour ton bien!

Je retourne auprès du malade et je l’exhorte à se lever. « Je pense que c’est vraiment important pour toi que tu puisses te remettre sur tes pattes ». «  C’est trop dur, je n’y arrive pas. Laisse-moi tranquille cochon rose.»  La journée se passe et le lendemain matin aucune évolution n’est perceptible. Le fermier devient radical : « Il a intérêt à être debout demain matin, c’est sa dernière chance. Si on le retrouve dans le même état, c’est l’équarrissage direct. » Le vétérinaire est d’accord et promet d’être là au petit matin avec le poison.

Merci cochon rose

Cette fois-ci il n’y a plus à tergiverser, je vais dire au cheval ce qui se trame contre lui. Il fait vraiment pitié, mais c’est une question de vie ou de mort. « Cheval, je ne voulais pas t’inquiéter, mais maintenant c’est trop grave, il faut absolument que tu te mettes debout ». « Je ne peux pas. » « Si tu restes dans cette position, demain à la première heure, il viendront pour te tuer. Le traitement est fini et tu leur coûte trop cher. » Il réagit, après plusieurs tentatives infructueuses, il arrive enfin à se lever. Il est un peu branlant mais il tient, je suis heureux pour lui. Le lendemain matin, en découvrant son cheval sur ses quatre fers, l’agriculteur explose de joie, il est vraiment content : « pour fêter l’événement on va tuer le cochon rose ! »

Inspiré d’une fable de notre patrimoine mise en BD par Lionel Auberger

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2 Commentaires on "Le paysan, le cochon rose et le cheval"

  1. Bonsoir Didier, merci pour cette histoire… tragi-comique ! Ca fait réfléchir effectivement !
    J’aime beaucoup ta diction. Au plaisir de lire ou d’écouter les autres.

    • Merci Isabelle pour ce commentaire. On ne connaît pas toujours les conséquences de ses actes même avec les meilleures intentions du monde. A bientôt sur une autre histoire

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