« Pour les passionnés d’égyptologie, voici une découverte sensationnelle faite récemment ! Nous savions que les égyptiens de l’antiquité vouaient un culte assidu à Bastet, la déesse à tête de chat. La déesse protectrice de la maison et de tous les membres du foyer, notamment les enfants et les femmes enceintes. De manière générale le chat était vénéré, à travers elle, pour les grands services qu’il rendait, comme protéger les récoltes des rongeurs affamés. »
Vidéos de chats
» Même si, à l’époque, il n’y avait pas les vidéos de chats sur youtube, ce mammifère occupait déjà une grande place dans cette civilisation. Une manière de l’honorer consistait, lors de sa mort, à l’embaumer. C’est ainsi que de nombreuses momies de chats sont découvertes régulièrement au pays du Nil. Cependant, les archéologues viennent de mettre au jour ce qu’il s’avère être la plus grosse nécropole de momies de chats. Les premiers comptes font état d’au moins cent-cinquante-deux mille momies regroupées dans un même espace. Pourquoi ? »
Le serviteur de Bastet
Le grand prêtre Bakenbast (serviteur de Bastet en égyptien) arrive dans le sanctuaire. Il règne une agitation peu commune pour ce lieu de recueillement. Surtout dans les pièces annexes du temple, dédié à Bastet, où une armée de prêtres travaillent à la momification de chats. Le rituel est exigeant et demande un savoir-faire précis. Seuls quelques-uns le détienne et, au vu de la demande qui explose, ils forment, à tour de bras, de nouveau apprentis pour les initier à cette pratique religieuse.
Un grand reporter
Tout est parti d’un simple fait divers qui a pris des proportions incroyables pour un pays sans facebook ni télévision. Un chat a sauvé la vie d’un tout jeune enfant qui venait d’échapper à la vigilance de sa nourrice. Le loupiot, qui savait à peine marcher, s’est retrouvé au bord d’un bras du Nil. Un crocodile qui passait par là, a voulu profiter de l’aubaine pour se faire un petit amuse-gueule. Malheureusement pour lui, un chat suicidaire s’est interposé et a réussi à mettre le saurien en fuite. Rien d’extraordinaire me direz-vous ! Mais Tintinis, le célèbre ancêtre du reporter bien connu, a assisté au sauvetage. Aussitôt, il rédige un papyrus qui glorifie les exploits du chaton. Le bouche à oreille fait le reste.
Une affaire de chats
Bakenbast s’inquiète, la demande en momies de chats, monte en flèche. Les morts naturelles de ces félins ne suffisent plus pour alimenter le marché, il va falloir trouver des solutions. Chacun veut une momie de chat pour protéger son foyer contre le mauvais œil. Bastet n’a jamais été autant à la mode et les artisans qui sculptent son effigie augmentent rapidement leur pouvoir d’achat. Le grand prêtre ne veut pas passer à côté du jackpot. Son prestige s’éclipse à côté de celui du grand prêtre d’Amon, voilà une occasion de monter en importance, c’est-à-dire en finances. Hé oui, le monde des hommes a peu changé !
Pharaon dieu vivant
Pour la forme, il rend visite au Pharaon Amenhotep II, pour lui demander conseil. Comme tous les dieux vivants et autres messies, il lui répond à l’aide d’une phrase obscure à laquelle il ne comprend rien. « Bastet, dans sa grande sagesse, a permis aux chats de prospérer. Et c’est dans le sable du désert que tu trouveras la réponse. » Voilà ! Maintenant tu te débrouilles ! Il déchiffrera ce charabia plus tard, pour le moment, un marché vient de s’ouvrir. Sa position est idéale pour en profiter, il convoque donc Bernartapis pour l’associer dans cette affaire. Il sait que l’homme est plein de ressources, lui trouvera les bonnes idées.
Business is business
Après un bref brainstorming, ils constatent le manque de matière première. Les chats ne sont pas assez nombreux pour satisfaire la demande. La formation des embaumeurs bat son plein mais bientôt plus de stock, c’est la cata, la catastrophe ! Heureusement son nouvel associé met en place des dizaines d’élevages de matous. Bakenbast considère qu’on peut les sacrifier dès l’âge du sevrage complet soit vers 6 semaines. La chaîne de fabrication se met en route et ces nouveaux entrepreneurs livrent des momies de chats. Pour commencer ils inondent le marché de Boubastis, sanctuaire historique de la déesse Bastet. Bientôt, ils étendent leurs livraisons dans tout le delta du Nil. Mais le commerce attire le commerce et la demande ne faibli pas. Ils ont beau doubler le nombre d’élevages, les chats ne grandissent pas assez vite.
Bastet, ne les laisse pas faire
Bernartapis suggère à Bakenbast de modifier un peu les contraintes pour satisfaire les fidèles adorateurs de la déesse Bastet. Au passage, pour simplifier le langage, ils inventent le mot « client », plus court, plus pratique. Pour argumenter sa demande, il lui montre les carnets de commandes qui se remplissent. Pour appuyer son propos, il l’emmène faire un tour dans la salle des offrandes, là où les « clients » déposent leur participation à l’œuvre divine. Même dans le temple d’Amon, il n’a jamais vu autant de richesses. Cet argument l’inspire, il décide que quatre semaines, cela suffit pour qu’un chaton ne tête plus sa mère. Ainsi, dès qu’il atteint cet âge canonique, il a l’honneur de participer au culte de la déesse en devenant illico presto une momie.
Fausse momie, vraie arnaque
Quand un marché devient si important, il attire de nombreux opportunistes qui veulent profiter de l’aubaine. Les premières contrefaçons atterrissent sur le marché. La qualité n’est pas au rendez-vous. Certaines momies de chats proposées sous le manteau, ne contiennent parfois qu’un seul membre, comme une patte avant ou un bout de queue. D’autres, qui sentent encore plus l’arnaque, ne contiennent même pas un seul bout de chat. Bakenbast court se plaindre auprès d’Amenhotep II. Il fait châtier, c’est le moment de le dire, tous les faussaires qui ont la mauvaise idée de se faire prendre.
Le chat mange la souris
Paradoxalement, malgré tous les élevages qui fleurissent, l’Egypte n’a jamais eu aussi peu de chats dans les rues. Ils sont tous traqués puis égorgés prestement pour fournir toujours plus de momies. Les rongeurs envahissent peu à peu les silos et la famine guette. Pourtant, pour se protéger de ce fléau, l’égyptien moyen pense qu’une momie de chat à la maison le protègera. La demande continue d’augmenter.
Bastet veille
« Nous devons diversifier nos approvisionnements et que la mode envahisse toute l’Egypte » Bernartapis s’embarque avec Bakenbast vers la haute Egypte pour une action de marketing afin de promouvoir le culte de Bastet. Ils vont en profiter pour monter quelques élevages sur place et un atelier d’embaumement spécialisé, afin de limiter les frais de déplacement. Lors d’une tournée de prospection à la lisière du sable du désert, pour pas attirer trop l’attention, ils se déplacent sans escorte. Au détour d’un chemin, ils se retrouvent soudain nez à nez avec une énorme lionne qui leur saute dessus sans qu’ils aient le temps de crier gare ! Eux, les rois de la momie sur demande, n’ont jamais pu profiter du savoir-faire de leurs équipes. Les cadavres ne furent jamais retrouvés. Bastet s’est vengée !
Pharaon ordonne
Pour mettre un terme à tous ces trafics, Amenhotep II ordonne que toutes les momies soient rassemblées en un seul lieu. Ainsi, il décrète que la détention d’une momie de chat à son domicile, attire le malheur. L’objectif principal est de les faire revenir dans les rues pour chasser les rongeurs indésirables. La folie des hommes allait les mener à leur perte. Il inaugure une grande nécropole dédiée aux félins. Tous les habitants, possédant une momie, défilent pour déposer leur investissement dans ce lieu.
Le mystère Bastet
« Les plus grands spécialistes en égyptologie s’interrogent toujours sur le pourquoi d’une telle concentration de momies de chats en un seul endroit. La datation du site indique qu’il a trois mille quatre cents ans environ et que toutes les momies ont été déposées sur un court laps de temps. Chose curieuse, après l’étude de plusieurs de ces momies, il s’avère que certaines ne contiennent aucun cadavre. Un mystère de plus pour cette civilisation des pyramides qui nous passionne toujours autant. Un mystère qui ne sera sans doute jamais résolu… »
Encore une histoire mais en fiction et réalité, très intéressant, continue ainsi.
Merci Jean-Claude pour tes encouragements