L’allemand est une langue vivante.
Dehors, il fait beau. J’imagine bien les petits oiseaux qui chantent. Le printemps est là et pendant ce temps-là, je suis coincé ici. Ce n’est pas que l’endroit n’est pas sympathique, je dirai plutôt que ça dépend de ce qui s’y passe. Je suis en classe de 3ème dans un collège privé de province. C’est actuellement l’heure du cours d’allemand, la 2ème langue vivante. Notre professeure, une femme enthousiaste pour son art, a du mal à me le faire partager. Pourtant, ce n’est que la deuxième année et le niveau n’est vraiment pas élevé. Rien à faire, j’ai du mal à adhérer, je ne me sens pas doué pour les langues. En réalité, à quatorze ans, les centres d’intérêt sont parfois éloignés du programme scolaire, surtout de la langue de Goethe pour un Normand.
Quelle est la personne qui ose me réveiller ?
Ma concentration sur le cours n’est donc pas totale. Je suis un peu plus en réflexion sur le match de tennis de table que je vais disputer ce soir. Un match de déplacement qui pourrait nous permettre de monter d’une division. Soudain : « Didier Lemariey ! Bist du etwas müde ? ». Je sursaute en entendant mon nom. Je me tourne vers cette voix qui m’a interpellé, Madame Genest, c’est elle qui officie, me fixe intensément. Elle attend une réponse, je ne peux que balbutier « Was ? ». Elle répète donc sa question : « Bist du etwas müde ? ». Toute la classe retient son souffle en attendant ma réponse.
J’ai dû me tromper quelque part
Honnêtement et vous vous en doutez, même après avoir répété sa question pour la seconde fois, ses propos sont assez obscurs pour moi. Je me dis que je peux prendre un air inspiré et tenter une réponse. J’ai pu identifier le verbe en tête de la question : elle est fermée, ce qui veut dire que je peux répondre par oui ou non. Je suis quelqu’un de foncièrement positif et je n’hésite plus. « Ja ! » Dis-je d’un air assuré. Une bonne partie de la classe, les meilleurs en allemand, éclate de rire. J’en soupçonne néanmoins un certain nombre d’agir par mimétisme. La professeure prend un air désolé et se détourne de moi sans plus d’explication.
Je crois que je ne peux que progresser
C’est trop fort, me voilà ridiculisé devant toute la classe et je ne sais pas pourquoi. Je réalise qu’un « Nein » aurait été certainement plus approprié. Le mystère pour le moment reste entier. Cet incident a au moins la vertu de me remettre dans le droit chemin et de me reconcentrer sur le cours. Je ne pas attendre la fin pour connaître la traduction de cette phrase mystérieuse. Discrètement, je demande à mon voisin de bureau, une tête dans cette matière, de me mettre au parfum. « Elle t’a demandé si tu étais un peu fatigué ». Presque quarante ans plus tard, s’il y a une expression que je maîtrise parfaitement en allemand c’est bien celle-là !
Ami lecteur, toi aussi, tu as sûrement un souvenir d’un cours de langue étrangère qui ne t’a pas présenté sous ton meilleur jour. Tu peux le partager dans les commentaires.
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