L’arbitre est un maniaque du sifflet.
La partie fait rage. Les deux équipes jouent un jeu très viril. Le match de foot est commencé depuis un bon moment et le score est incertain. Soudain c’est la faute, l’arbitre la siffle de façon impitoyable. Rien d’étonnant avec l’engagement qui existe depuis le début. La remise en jeu se fait rapidement et la partie reprend. Nouveau coup de sifflet de l’arbitre. Cette fois-ci, l’infraction paraît beaucoup moins évidente, mais il reste maître du terrain. Tout repart très vite. Encore un arrêt de l’arbitre ! Cette fois-ci personne n’a rien vu. Enlevez-lui son sifflet, c’est quand même incroyable, il paralyse le jeu. Et il recommence alors que la partie n’est pas relancée. Que se passe-t-il ?
Mais où suis-je donc ?
J’ouvre les yeux mais je ne vois rien, il fait noir. Cependant, mon audition est parfaite et les coups de sifflet de l’arbitre continuent à intervalles régulier. J’ai du mal à me situer. Après quelques instants de flottement, tout devient clair. Je suis en phase de réveil dans une chambre d’hôtel. L’arbitre n’est autre que mon voisin de chambrée qui doit avoir une narine bouchée. Je suis rassuré, il n’y avait pas faute … Ce n’était qu’un rêve. Par contre ce ronflement est bien réel et il me réveille. Il faut que je trouve rapidement une stratégie pour qu’il s’arrête. Subir un ronfleur qu’on connaît à peine n’a rien de réjouissant.
Je dois préserver le reste de ma nuit.
Avant de me rebeller, je tente la technique des deux oreilles dans l’oreiller. Je pense naïvement que le bruit sera suffisamment atténué pour pouvoir me rendormir. Aussi loin que je me rappelle, cette technique n’a jamais marché. C’est une vaine tentative pour éviter le conflit. Je dois donc aborder cette épreuve d’une autre manière. Je connais mes classiques, la grande vadrouille est un de mes films préféré. La méthode proposée par Bourvil à De Funès pour remédier à ce désagrément est simple. Je me mets donc à siffler pour empêcher le siffleur de siffler de la narine.
Trouver une stratégie qui fonctionne
Le résultat est fabuleux. Après seulement six ou sept sifflements de ma part, c’est l’accalmie. Le silence est revenu, je vais pouvoir reprendre ma nuit. Au départ, ce n’est presque rien. Puis le son monte. Enfin rapidement, mon ronfleur de voisin reprend du service. Je ne sais pas vraiment si c’est un progrès, mais la note a un peu changé. Elle est maintenant plus grave. La conséquence reste la même, je ne dors pas. Je reprends donc ma technique qui a déjà fonctionné. Peine perdue, il semble maintenant immunisé. Il va falloir que je trouve autre chose.
Je ne sais plus quoi faire
Je médite sur la meilleure façon de l’étrangler ou de l’étouffer. Mes instincts criminels sont en train de se développer de façon exponentielle. La raison, comme je suis bien réveillé, l’emporte. Dommage je suis sûr que je me serai bien défoulé. Depuis combien de temps suis-je condamné ainsi à subir cette torture ? Mon esprit m’indique que nous sommes à plusieurs heures de supplice. Cela doit cesser. Je me racle bruyamment la gorge à plusieurs reprises pour tenter de le réveiller, aucun succès. Je me retourne en faisant craquer le plus fort possible les lattes de mon sommier, rien à faire.
Un résultat que je n’espérais plus !
Je décide donc d’allumer pour mieux apprécier la situation. Cette lumière qui arrive dans les yeux du ronfleur a l’effet que je n’espérais plus. Il se tourne sur son côté droit et la paix revient dans cette chambre d’hôtel. J’éteins et le silence qui s’établi me semble presque incongru. Malgré l’énervement accumulé, la fatigue a raison de moi, je m’endors. La volupté jusqu’au petit matin.
Une bonne nuit de sommeil, ça fait du bien
Dehors le jour est déjà levé. Des bruits d’eau qui coule me parviennent de salle de bain. Mon colloc pour une nuit se douche. Finalement, je me sens en forme. Les péripéties de la nuit ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Je m’empresse de les oublier. Sa toilette semble terminée, je vais bientôt devoir sortir de sous la couette. Il sort de la pièce d’eau et il me voit réveillé. « As-tu passé une bonne nuit ? » m’interroge-t-il. Je ne tiens pas à raviver des souvenirs pénibles et entamer une polémique. Je lui assure donc qu’elle fut excellente. « Tu as de la chance, parce que moi, j’ai passé quasiment une nuit blanche, tu as ronflé toute la nuit ! »
Ami lecteur, tu t’es certainement déjà retrouvé avec un ronfleur qui t’a gâche toute ta nuit ? Raconte le moi dans les commentaires.
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