Dans les starting-blocks prêts à décoller pour le VTT
Nous attendons depuis quelques minutes dans le terminal de cet aéroport. Il n’y a pas foule ce jeudi matin. Il faut dire que Dinard en Bretagne n’est pas Roissy. Chaque année avec une équipe de potes, nous choisissons une destination pour passer un week-end prolongé. Le mois de septembre s’y prête à merveille, les journées sont encore assez longues et le temps pas toujours dégradé. L’objectif est de pratiquer notre passion, le VTT. Nous cherchons des lieux pour nous dépayser, ou avec des chemins différents de ceux que nous pratiquons habituellement.
Nous sillonnons la planète à la recherche de nouveaux chemins
Pas mal de coins ont déjà été testé, de Métabief dans le jura, en passant par Kirchzarten en Allemagne jusqu’à Grimaud dans le var. L’idée est de profiter des championnats du monde de VTT pour voir les compétitions mais aussi découvrir les sites avec nos vélos. Cette année c’est l’Australie qui est organisateur. Le budget nous semble un peu élevé. Nous décidons donc de trouver un lieu équivalent : une île avec une culture anglo-saxonne. C’est ainsi que nous attendons le décollage pour Guernesey.
Beaucoup d’engins différents peuvent voler !
L’avion qui manœuvre sur la piste est celui qui doit nous transporter. Il a une allure assez originale, nous apprenons que c’est un « Britten-Norman Trislander ». Un avion de seize places avec trois moteurs, la particularité c’est qu’avant de faire descendre les passagers, les techniciens installent une béquille pour le stabiliser. En effet le poids du moteur arrière est compensé par le poids des passagers qui sont installés sur l’avant. C’est une conception aéronautique originale qui ne nous rassure pas plus que ça. Mais le modèle est en service depuis de nombreuses années et parait-il qu’il est très fiable.
En avant pour un vol en première classe
Un fois installés à l’intérieur, nous apprécions les espaces, deux de front avec les épaules qui touchent la carrosserie. L’hôtesse de l’air va avoir du mal à circuler pour nous apporter un casse-croûte. Le pilote est parmi nous, ce qui nous permet de vérifier qu’il manœuvre bien tous les boutons et leviers. Je ne suis pas certain qu’il entendrait nos remarques éventuelles vu qu’il a un casque sur les oreilles et que le bruit combiné des trois moteurs nous interdit toute conversation.
Voyager au loin, la langue française n’est pas utilisée partout.
Soudain, nous réalisons que sur l’île de Guernesey, ils ne parlent pas le français. Comment allons-nous nous faire comprendre ? Nous nous concertons pour savoir lequel d’entre nous avait les meilleures notes en anglais afin de le désigner comme interprète. Notre problème est vite résolu, Jean, un des deux vétérans du groupe nous annonce fièrement qu’il est en possession d’un sésame. Avant de partir, sa fille ainée qui rentre tout juste en sixième vient d’attaquer ses premiers cours de langues.
Heureusement des solutions pertinentes existent
Comme elle savait que nous allions débarquer sur cette île inconnue et que son père est nul pour parler dans la langue des Beatles, elle lui a préparé un lexique. Nous sommes impatients de le découvrir pour notre plus grand soulagement. Pour le moment c’est chose impossible, il va falloir attendre l’atterrissage. Enfin le moment de retrouver le plancher des Jersiaises (vache typique des îles anglo-normandes) arrive. Nous rejoignons un pub accueillant pour nous remettre de nos émotions et solennellement, Jean sort quelques feuilles de carnet déchirées ou figure la fameuse liste. Je vous reproduis ici les mots inscrits :
Un lion : A lion / Un éléphant : An elephant / Une fenêtre : A Windows / Une bicyclette : A bicycle.
Nous sommes enfin parés pour tout comprendre
Quatre mots seulement, ça risque d’être un peu juste, en plus les chances de croiser un lion ou un éléphant ne sont pas très élevées. Un de mes camarades, une mauvaise langue, affirme qu’il aurait certainement pu comprendre tout seul les deux premiers mots. Rien n’est moins sûr, il est complètement nul en traduction. Nous remercions chaleureusement la fille de Jean par son intermédiaire, pour contribuer à la réussite de notre voyage. Une tournée de bière Guernesiaise supplémentaire, mais pas plus, nous sommes là pour le sport, nous permet de la célébrer dignement.
Amis lecteur, que penses-tu de la démarche de cette jeune fille pour nous aider ?
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