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Le pommier, centre du débat.
C’est effervescence autour du pommier. Toute la famille est réunie pour la circonstance, nous et nos deux garçons. Les voisins aussi sont venus avec du renfort, leur fils et le beau-frère. Heureusement qu’il est là, c’est lui qui possède l’outil et le savoir-faire. Les palabres commencent pour déterminer les différents paramètres avant de passer à l’action. Comme toujours il y a plusieurs options. Il faut peser le pour et le contre, monter une commission ad hoc et engager un expert international. Pour limiter les frais nous nous contentons d’en discuter autour d’un verre de jus de pomme. Chacun prend sa place et la machine est lancée.
Devons-nous adapter notre environnement ?
Le sort de ce pommier se joue depuis longtemps déjà. Dès le début de la construction de notre maison, il y a quatre ans, la polémique s’est amplifiée entre les pros et les antis place nette. Les premiers préfèrent décider de ce qui a le droit de pousser ou non. Les seconds trouvent que beaucoup d’arbres ont déjà été sacrifiés à l’implantation. Celui-ci est de belle taille et produit beaucoup, c’est justement le problème. Sa production, loin d’enthousiasmer les foules, se compose de pommes minuscules. La qualité gustative, certainement excellente pour quelqu’un privé du sens du goût, n’est pas vraiment réjouissante. De plus, il domine une partie de la cour du voisin qui profite généreusement de la chute des fruits. Nous avons décidé de l’abattre pour donner une chance à un autre plus goûteux.
Un chantier ça s’organise.
C’est ainsi que nous avons échangé avec ces derniers sur la meilleure stratégie à adopter. Pour éviter que l’arbre ne tombe sur le mur mitoyen, nous décidons, à l’aide d’une corde et d’un piquet, de le mettre en traction du côté de la chute désirée. Je suis le roi du nœud de chaise, à cette occasion, je peux démontrer mon savoir-faire. L’intérêt que je suscite est décevant, je remballe mes explications. Ensuite le beau-frère, armé de sa tronçonneuse, nous explique les endroits à entailler pour guider la chute. Nous le croyons sur parole, n’ayant jamais pratiqué cet engin bruyant. Je constate cependant qu’il est un peu palot, va-t-il bien ? Il nous l’assure.
Avons-nous vraiment tout prévu ?
Les premiers copeaux volent. Il commence par couper quelques branches basses pour s’échauffer. Je le sens de plus en plus fébrile, il a hâte d’en finir. Il attaque maintenant directement le tronc. Une première encoche permet normalement d’orienter le mastodonte vers la zone dégagée. Nous sommes tous en rang d’oignon à le regarder faire, comme hypnotisés par le spectacle. La tronçonneuse attaque maintenant le tronc en profondeur et nous voyons l’arbre osciller. Horreur, au lieu d’aller gentiment vers le lieu d’atterrissage, il décide de nous contrarier. Nous savions qu’il n’allait pas forcement être d’accord sur le fait de le zigouiller et nous avions raison.
Champions de tir à la corde.
Le tangage indique clairement son intention de s’écraser sur le mur. Il a dû, en plus, repérer la voiture du beau-frère garée juste à côté. Il va la massacrer. Vengeance mesquine, elle n’a rien fait, mais c’est son chauffeur attitré qui tient l’arme à la main. Le piquet, auquel la corde de retenue est fixée, doit être complice, il commence à se déterrer. C’est la ruée, nous nous jetons tous sur cette corde pour tenter d’infléchir le cours des événements. A trois, puis quatre et enfin six personnes arc-boutées. La lutte est serrée. Nous poussons un Haka terrible pour l’impressionner, l’effet n’est pas immédiat mais nous sentons sa résistance faiblir.
La victoire n’est pas acquise.
Nous luttons ainsi depuis plusieurs heures, en réalité une vingtaine de seconde. La victoire est nôtre, il consent enfin à finir sa course à l’endroit prévu. Nous avons eu chaud. Le beau-frère en profite pour tomber dans les pommes. Vous me direz c’est normal vu l’endroit. Mais non, elles ont toute été ramassées, en réalité il fait un malaise. Il est malade, cependant pour ne pas nous décevoir et tenir son engagement, il a voulu faire le job. Après quelques instants, il récupère des couleurs, nous le raccompagnons directement chez lui.
Le pommier fut combatif, respect.
Nous débitons ensuite les restes du pommier, il finira dans la cheminée du voisin. Aujourd’hui, tous les stigmates de cette bataille ont disparu. Le gazon est repoussé, la souche arrachée de haute lutte également. Notre bûcheron a lui aussi retrouvé sa pleine forme. Après avoir analysé tous les paramètres, la conclusion s’impose, l’arbre a tout tenté pour faire capoter notre projet. Voyant sa dernière heure arrivée, il a voulu provoquer un maximum de dégâts. Rendre malade notre bras armé lui a presque permis de réussir. Heureusement pour nous, la solidarité et la technique des all blacks, nous a apporté la victoire.
Ami lecteur, tu as certainement, toi aussi, été dans une situation similaire. J’attend tes commentaires et surtout, je compte sur toi pour partager.
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